Diffusion France 5: Documentaire réalisé par Pierre François Gaudry
A l’échelle de notre corps les organes communiquent entre eux. Ils tweetent, s’envoient des emails. Les scientifiques grâce aux technologies de pointe ont pu capter les informations et signaux qu’ils se transmettent.
Nous allons découvrir les conversations secrètes de notre corps.
On a d’abord divisé notre corps pour comprendre le fonctionnement de chaque organe. Les connaissances actuelles ouvrent de toute autre perspective. Nos organes assurent des rôles multiples mais surtout dialoguent en permanence.
Quels sont les liens qui existent entre nos organes ?
A l’origine un réseau de communication. C’est le réseau de la circulation sanguine. Le rein régule l’équilibre biologique de notre sang (Globules rouges avec la sécrétion de l’ epo). Les athlètes de haut niveau par exemple utilisent ce précieux pouvoir pour améliorer leurs performances lors de stages en altitude. A 2000 mètres d’altitude, 93 a 98 % d’oxygène, en dessous de 93 % l’organisme souffre d’un déficit. Le corps reagit en produisant de l’epo qui stimule l’augmentation des globules rouges.
Le rein ne réagit pas qu’en augmentant la quantité de globules rouges produits par la moelle osseuse, il agit également sur la production en sodium, potassium magnésium calcium nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme. L’équilibre que le rein est chargé de maintenir est vital.Trop et pas assez et c’est un risque fatal pour notre santé.
Tout commence par ce que nous mangeons. La digestion permet de dissoudre des aliments pour extraire des lipides glucides sels minéraux protéines qui passent dans notre sang. Ce sont le carburant de nos organes et c’est le rein qui en optimise le dosage dans notre sang.
Mais comment y arrive t’il ?
Le rein est composé de dédales de minuscules tubes connectés à des globes. 1 millions dans chaque rein. C’est une station d’épuration miniature. Le sang arrive dans le rein chargé de nutriments et de déchets produits par nos organes. Les paroies des vaisseaux sanguins sont percées de trous minuscules. Les globules rouges ne peuvent pas passer. Les déchets par contre sont aspirés. Ce 1er tri permet de produire l’urine primaire. Chaque jour les reins produisent en moyenne 180 litres d’urine primaire. Elle est collectée par la chambre qui entoure la sphère de filtrage et qui mène vers les petits tubes d’évacuation.
Une nouvelle phase de traitement commence:
La paroi des tubes est hérissée de petits cils qui opèrent un 2e tri entre ce qu’il faut garder et éliminer. 99 % de l’urine primaire est réinjectée dans notre sang ( nutriments calcium…). Pour assurer cette régulation chimique notre rein communique avec tous les autres organes qui lui font connaître leurs besoins.
Nos os sont très gourmands en calcium pour conserver leur solidité. 99% du calcium de notre corps est stocké dans notre squelette. Rôle du squelette : activité très intense de nos os, et ces cellules sont de grandes communicantes. On renouvelle nos os quotidiennement tous les 5 ans. Les Os sont des muscles très dynamiques accomplissant un travail constant. C’ est le phénomène de régénération. Il est important que l’activité des démolisseuses et bâtisseuses se régulent. ( autres cellules les ostéocytes)
Ces dernieres emetteraient une protéine, la squerostine. C’est elle qui permettrait l équilibre.
Un coureur cycliste de 25 ans avec des performances à succès est atteint d’ostéoporose alors que cela touche normalement les personnes âgées : il s’est cassé le col du fémur lors d’une banale chute et a l’arrêt. Pourquoi une telle fragilité des os ?
Les scientifiques ont analysé la structure interne de ces os et ils ont pu constaté qu’il avait une structure osseuse de 40 % en moins par rapport à la moyenne pour son âge. Ces os sont ceux d’un homme de 70 ans. Comment l’expliquer ?
Son ostéoporose s’explique par la pratique du vélo et tres jeune . Quand vous grandissez le squelette se développe et se renforce en réaction aux forces mécaniques que les os subissent. Et le vélo ne permet pas cela.
Etude du type de pratique sportive et de la densité des os: seuls 19% des joggeurs souffrent d’une baisse de masse osseuse. Chez les cyclistes ce taux atteint 60 %. Mais pourquoi ?
Le cyclisme est une activité aéroportée. Pas de charge mécanique et cela fait augmenter la clérostine qui met au repos les cellules batisseuses d’os. Un taux élevé de clérostine est donc synonyme d’os plus fragiles.
En revanche le squelette d’un coureur subit un stress mécanique lorsque le pied foule le sol, et à chaque foulée.
Lors de ce choc, les ostéocytes réceptionnent ce choc et par microscope on peut voir qu’elles arrêtent d’émettre la clérostine et notre squelette relance la production d’os. Faire régulièrement 3 fois par semaine des sauts pendant 30 minutes pour gagner de la masse osseuse. Permet de relancer la fabrication d’os. Solution aussi pour notre jeune cycliste. Pour consolider ses os il est aussi passé à la course à pied. La solidité de nos os est donc liée à de l’activité physique qui les stimule. Quand nos cellules osseuses ne ressentent plus de vibrations elles émettent un signal qui bloque les processus de fabrication d’os. Cela a une conséquence direct sur la consistance de notre squelette et aussi un impact sur nos processus de mémorisation.
Les cellules osseuses sont capables d’envoyer au cerveau des signaux pour doper notre mémoire.
Comment est ce possible ?
La réponse est à chercher dans l’histoire de notre évolution. L’Os a une fonction de survie qui permet aux vertébrés d’échapper aux prédateurs et de chercher de la nourriture. La mémoire répond à un impératif de survie.Lien entre notre squelette et notre cerveau : Découverte d’une molécule l’ostéocalcine.
Les souris dépourvues d’ostéocalcine sont incapables de développer une mémoire. La partie du cerveau responsable de la mémoire (l’hippocampe) est atrophiée.
Comprendre comment notre mémoire fonctionne :
Il faut s’intéresser à la façon dont l’information circule et se fixe dans notre cerveau.On pourrait comparer notre cerveau à un reseau intranet. Reseau interne de neurones en lien avec la communauté de nos organes. Et la haut c’est de la fibre à très haut débit. Grâce à l’irm nous pouvons voir la structure de nos cellules et elle contient 100 millions de neurones connectés. Chaque brin correspond à une longue et fine cellule nerveuse. L’enchevêtrement des neurones forme un réseau dense qui ressemble à une sorte de brosse.
Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque l’on voit quelque chose ?
Des signaux électriques stimulent le cortex visuel qui traite les données captées par les yeux. Le cortex visuel transmet l’image enregistrée à l’aire impliquée dans la reconnaissance puis le lobe préfrontal siège de la pensée permet de comprendre et analyser cette image. L’ensemble du processus prend seulement 2 dizième de secondes.
Comment nos neurones communiquent ?
Nos cellules nerveuses ressemblent a un réseau de câbles électriques traversé par des flashs lumineux. Ces impulsions électriques qui se diffusent en tout sens sont des influs nerveux qui circulent d’une cellule à l’autre. Mais sans contact, par une diffusion de molécules messagères. Le nuage chimique projeté sur l’extrémité du neurone suivant déclenche un nouveau signal électrique et ainsi de suite. Cette fulgurante rapidité permet d’activer notre memoire, reconnaître une image en un temps record, de formuler une pensée…
Comment stimuler une mémoire et dans quelle partie du cerveau est elle stockée ?
Info envoyée à l’hippocampe (chef d’orchestre de notre mémoire). A chaque nouvelle image présentée, une zone s’active particulièrement. Cette structure appelée gerus dentée regroupe des cellules alignées comme des dents. Dernière découverte scientifique
L’information est donc envoyée au gerus dentée dans l’hippocampe sous forme de signal électrique. L’information se transmet de neurones en neurones. Lors de ce processus un itinéraire spécifique est suivi. Ce chemin d’activation correspond à l’image mémorisée. A chaque nouvelle image, nouveau visage un tracé différent va apparaître. L’hyper activité des neurones de l’hippocampe est ce qu’il fait la force d’un bon reconnaisseur. Chaque fois qu’il va croiser un visage connu dans son champ de vision, le tracé un itinéraire déjà enregistré dans son hippocampe est réactivé. Il reconnaît alors immédiatement les visages.
Mais la mémoire s’améliore t’elle si elle est entraînée ? Est elle amené à décliner avec l’âge ?
Non nos neurones ne sont pas condamnés à mourir inéluctablement au cours de notre vie. Bonne nouvelle notre cerveau se régénère même à l’âge adulte mais ce processus n’a lieu que dans des zones bien particulières du cerveau. Depuis peu certains chercheurs commencent à comprendre ce qui stimule la naissance de ces bébés neurones.
Chaque jour nous vivons des expériences qui sollicitent l’ensemble de nos sens. Notre cerveau traite ces informations, les associe à un contexte. Leur donne un sens, les relie entre elles.Flux d’informations multiples qui modèlent notre mémoire. Pour créer des souvenirs chaque jour, notre cerveau doit être capable de traiter de nouvelles informations. Fort heureusement nous pouvons compter sur des neurones tout neufs quelque soit notre âge. Le cerveau garde des capacités de production de nouveaux neurones, pas partout. 2 regions précises : l’hippocampe et le système olfactif.
Ce phénomène là fait que l’on produit des neurones tout au long de la vie.
Si on s’intéresse à l’odorat : la mémoire olfactive a en elle ce rappel immédiat qui renvoit à un souvenir précis, un contexte unique. L’odorat a un lien privilégié avec la mémoire. Voir comment les nouveaux neurones s’intègrent à ceux déjà existants. Enregistrement de l’activité électrique des neurones grâce àun microphone. Ils communiquent donc par un message électrique.
Les nouveaux neurones ne doivent pas perturber le réseau existant. Ils vont d’abord observer, se connecter au réseau et écouter avant de parler. Intense activité des bebes neurones, on a pu voir qu’ils avaient la particularité d’établir des synapses beaucoup plus rapides et plus efficaces avec de nouveaux partenaires et que ces synapses sont aussi plus faciles à renforcer. Ces nouveaux neurones sont plus flexibles.
On voit comment le reseau social de la mémoire se connecte et parle.
En créant de nouveaux réseaux ces jeunes neurones nous donnent de nouvelles capacités comme bien séparer les souvenirs et ne pas les mélanger. Ces nouveaux neurones participent donc à bien séparer les informations bien les organiser.
Ces nouveaux neurones sont enfin très impliqués dans la mémoire émotionnelle. Les chercheurs ont découvert que la naissance des nouveaux neurones est stimulée par certaines conditions liées à notre mode de vie. Ainsi l’activité intellectuelle favorise le développement de neurones tout neufs. L’activité physique qui permet de mieux oxygéner le cerveau a une influence positive. Une alimentation variée fournit un carburant de qualité au cerveau. Les interactions sociales jouent aussi un rôle important dans la régénération des neurones. A contrario, la sédentarité, l’isolement social, le stress, une mauvaise alimentation ou le manque de sommeil freinent la naissance de bébés neurones.
Etude précise sur l’impact négatif du stress sur la régénération des neurones dans l’hippocampe. Un chercheur a analysé la structure des neurones chez un individu stressé au microscope. Les images obtenues montrent comment le stress peut affecter notre cerveau.
Réduction de l’hippocampe, diminution du nombre de neurones produits et une difficulté à se développer correctement, à faire grandir ces bras qui vont ensuite être le support des contacts avec les nouveaux neurones.
Si le stress touche notre cerveau il affecte aussi notre intestin. A l’issu d’un stress chronique, on a une modification de la flore intestinale. Modification de l’absorption qui peut perturber notre métabolisme et notre cerveau. Dialogue de notre cerveau avec nos masses graisseuses. Info de signalement de satiété. Les cellules adipeuses ne sont pas passives mais ont des fonctions utiles. La graisse n’est pas que mauvaise, elle peut-être une précieuse influenceuse. Lorsque nous mangeons elles absorbent les sucres et les glucides et les stockent en énergie en cas de besoin.
Découverte de la leptine hormone qui regule notre appétit en comparant une souris normale à une souris obèse. C’est au coeur de nos cellules graisseuses que se niche cette hormone capable de limiter notre faim. La leptine est une de nos 600 molécules chimiques dont disposent nos tissus graisseux pour communiquer. Quand les adipocytes ont stocké suffisamment de sucre et de graisse ils activent le mode messagerie et libèrent la leptine.
L’hormone passe dans le sang et circule jusqu’à notre cerveau. La destination de ce flux d’hormones est l’hipothalamus (partie de notre cerveau qui contrôle la faim, la soif, le sommeil ou la température corporelle). La leptine se fixe sur des récepteurs à la surface des neurones. Ce message annonce que l’énergie accumulée par les tissus adipeux est suffisante. En réponse les neurones envoient un signal qui supprime la sensation de faim. La graisse est donc un organe dynamique qui produit une hormone très importante pour reguler la faim, la satiété et plein d’autres comportements. Un corps dépourvu de tissus adipeux perd son équilibre.
Des traitements à base de leptine ont pu être développés et aider des jeunes enfants qui en étaient depourvu. Chez une personne en bonne santé la masse graisseuse est 15 à 30 % de notre masse corporelle. Les tissus adipeux se trouvent partout dans notre corps sous notre peau mais aussi dans notre moelle osseuse ou autour de nos intestins.
C’est le Prix à payer pour alimenter notre gros cerveau, notre reproduction. Les défenses immunitaires entre les cellules graisseuses sont intéressantes pour de nouvelles thérapies comme la régénération cellulaire. Par exemple pour l’ostéoporose l’idée est d’exploiter le pouvoir des cellules souches des graisses osseuses pour réparer le cartilage. L’ostéoporose est une maladie qui peut toucher toutes les articulations et extrêmement frequente mais une maladie complexe. Elle survient d’abord avec l’âge, sur certains terrains génétiques qui la favorisent, et entraîne une dégradation très rapide du cartilage et en retour une inflammation et des douleurs, gonflement, une gêne à la mobilité et dégradation de la structure même de l’articulation.
Petite opération : une ponction qui aspire la graisse.
Le tissu adipeux est un tissu de soutien et d’origine embryonnaire commune. Intérêt pour la régénération cellulaire. Ensuite on isole les cellules souches de la graisse puis on les met en culture pour qu’elles se multiplient. Apres 10 jours elles passent de 500 000 à 10 millions. Dernière phase de l’opération. On reinjecte les cellules souches dans le genou ou tout autre partie articulaire pour régénérer le cartilage endommagé. Une fois dans l’ articulation les cellules souches font leur travail et elles communiquent entre elles.
Découverte importante : Nos cellules souches de graisses sont capables de réparer les cellules endommagées de notre corps.
Attention contrôler à ne pas trop les faire grossir car peuvent être nuisibles. Les adipocytes se vident mais ne meurent pas. Ce que l’on voit avec les régimes trop restrictifs et l’effet yoyo qui s’en suit. Hors cela peut nuire au système immunitaire. En effet la multiplication des cellules graisseuses provoquent une alerte. Notre système immunitaire prend les lipides en exédent pour des intrus et les absorbent pour les détruire. Problème nos cellules défensives explosent et donc les substances corrosives qu’elles contiennent censées contrer un ennemi se répandent dans notre sang. Les parois de nos vaisseaux sanguins risquent d’être rongées et perforées.
Les adipocytes doivent donc être contenus dans des limites raisonnable.
Pendant l’ activité physique, nos muscles rentrent en scène : ils deviennent plus forts et plus résistants et en se contractant ils brûlent une partie des réserves en trop emmagasinée dans les parties des réserves graisseuses. Enfin ils envoient des messages bénéfiques vers le reste du corps.
Pouvoir d’optimiser nos défenses naturelles face aux menaces extérieures. Voici comment nos muscles parlent au système immunitaire. Il est fortement influencé, les globules blancs se mobilisent et nous rendent plus resistants aux infections.
Ecouter les messages qu’envoient nos muscles.
Notre corps est fait pour bouger. Et aussi pour ne pas être malade.
Alphabet chimique que nos organes utilisent pour se parler.
Certains messages s’ils sont malveillants sont à surveiller de près comme les cellules cancéreuses qui trompent souvent notre système immunitaire et qui se répandent à vitesse grand V.
Repérer des cancers à des stades précoces : On peut identifier les organes atteints. Les identifier plus tôt grâce à l’émission de leurs signaux permet de remonter à l’organe d’origine. Cette découverte illustre à quel point notre corps est une toile biologique sur laquelle circulent un tas de messages.
Conclusion : Pour trouver un traitement optimal ll est très important de connaitre les liens qui unissent nos organes. Exemple : hypertension aiguë qui pourrait mener à un infarctus ou AVC. La tension du patient peut monter jusqu’à 20. Il prend des médicaments pour faire chuter cette tension mais rien n’y fait. Son cardiologue lui a proposé une intervention chirurgicale. L’objectif n’est pas d’opérer le coeur mais les reins.
En quoi cette opération peut elle influencer la pression sanguine ?
Certains nerfs qui vont de la moelle épinière aux reins peuvent déclencher des mécanismes qui font augmenter la pression sanguine et aussi augmenter la renine et provoquer de l’hypertension. En réduisant l’émission du rein on reduit l’émission de rénine et la pression sanguine baisse. Voilà ce qui confirme l’influence du rein sur les équilibres vitaux de notre corps. Les reins sont connectés à tous les autres organes il a un rôle essentiel. Grâce à l’opération le patient a retrouvé une tension artérielle normale.
De quoi revisiter la façon de penser notre médecine, réfléchir sur l’incroyable pouvoir des communications entre nos organes. Il est temps de regarder notre corps autrement. L’approche du corps qui s appuie sur une addition d’organes remplissant une fonction unique et travaillant seuls dans leur coin est aujourd’hui dépassée. Nos organes sont polyvalents, ils accomplissent de multiples missions mais surtout ils sont en relation permanente les uns avec les autres. Ils s’échangent des infos, s’influencent coopèrent, réagissent, forment des communautés, des groupes de discussion comme un véritable réseau social. Cette intense communication à l’intérieur de notre corps est la clef de notre santé.