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Le visage et la voix sont ils le miroir de l’âme? Ce documentaire révèle par le détail leur impact sur la perception immédiate, rend compte d’étonnantes expériences sur notre psychisme.

L’homme est un animal social, il réagit avec son instinct mais s’accorde aussi avec les stéréotypes pré-existants. Ainsi la première impression lors de la rencontre avec une personne inconnue s’avère déterminante. Il nous suffit d’un regard, d’une parole pour évaluer la confiance à lui accorder, son degré de compétences, la possibilité de la dominer ou le risque d’être dominé par elle. Sur son visage, à l’écoute du timbre de sa voix, nous détectons ses émotions pour en déduire son caractère. Ces sensations liminaires peuvent influencer des décisions à tous les niveaux, ,de la simple embauche aux verdicts des tribunaux en passant par les sentiments amoureux ou les amitiés naissantes. Pour parvenir à un jugement en quelques fractions de secondes, notre cerveau a ainsi recours à des préjugés inconscients et des mécanismes autrefois essentiels à la survie, notamment avant l’apparition du langage. Mais comment le cerveau fonctionne t’il lors de ces premiers contacts ? Comment une voix par exemple peut elle évoquer certains traits de personnalité ? Nos jugements peuvent-ils être biaisés par la précipitation? Psychologues, neuro-psychologues et chercheurs en science décryptent les intrications secrètes lors de nos interactions sociales.

Le film montre aussi comment la science, alliée à la technologie tente de repousser les limites de la connaissance de notre psychisme. Des innovations étonnantes telles que le « Robot social » Furhat, capable d’inter-agir et de dialoguer avec les êtres humains et des expériences sur les altérations de la voix qui pourraient aider à la détection des maladies. L’intelligence artificielle peut-elle changer notre perception de l’homme?

Le documentaire montre l’importance fondamentale pour les interactions sociales d’extraire au mieux possible les informations contenues dans les vocalisations et les visages. Notre voix renseigne sur notre humeur, notre état d’esprit et même notre santé. Et l’intelligence artificielle aussi sait de mieux en mieux décrypter les révélateurs de notre vie intérieure.

  • Etude sur le cerveau lors de ce bref regard: La première impression dépend en grande partie des stéréotypes pré-existants, idem avec la voix. Un chercheur Pascal Belin neuroscientifique constate que le timbre d’une voix évoque aussitôt en nous des émotions et des traits de caractère bien précis. On considère la voix un peu comme un voyage auditif, juste un mot pour que les auditeurs se fassent une représentation robuste.
  • Le rôle chez les comédiens: Comment se mettre dans la peau d’un autre pour que le personnage paraisse sincère, tout comme un pianiste qui n’est pas là pour faire ses gammes mais transmettre des émotions. Les traits du visage, l’étude constate une concordance pour une majorité de personnes sur ceux qui inspirent confiance, d’après Jon Freeman, Directeur en sciences cognitives et neural Science Lab. Avant le langage, il y avait la communication non verbale à travers des signaux du corps et du visage. Notre cerveau prend la décision avant qu’on ne le sache et ce sont de ces premières impressions que vont découler nos relations Ami/Ennemi, notre parcours social et toute sorte d’événements de notre vie. Revenons sur le travail du comédien, la magie de la voix est aussi perceptible dans les livres audio, on change de personnage d’une ligne à l’autre alors que c’est toujours le même comédien. Les marionnettes illustrent cet instinct: Si l’on change son langage corporel ou sa voix, nous avons une perception différente de ses intentions et émotions.
  • Gabriel SKantze, spécialiste en sciences cognitives nous présente le Robot FURHAT (prototype présenté en 2011), on crée une machine qui se comporte et interagit comme un être humain, cela nous permet aussi de mieux appréhender notre comportement à nous, en tant qu’humain. Il espère qu’un jour ce robot saura réagir comme un humain à une discussion. Tâche ardue à cause de la complexité de notre fonctionnement social. Les chercheurs ont déjà doté FURHAT de toute une palette d’expressions faciales, la difficulté étant de repérer pour lui les nuances de nos mimiques et nos intonations. En effet nous avons des micro-expressions très fugaces (mes yeux bougent en permanence tout comme notre visage imperceptiblement). Il n’existe pas encore de manuel de comportement humain que l’on pourrait intégrer « simplement » à un robot. Les intonations, inflexions, caractéristiques modifient les intentions de notre comportement. Nos pensées intimes influent dans notre visage; une étude sur les micro-mouvements de nos muscles faciaux montrent l’influence sur notre communication. Les sourcils, joues, lèvre, menton tout le visage est engagé. C’est très subtil puisque ça dépend des micro expressions autour des yeux ou de la bouche; on peut faire semblant de sourire et donc ne révèle pas les vrais sentiments.

Que révèle notre visage ?

Le marketing utilise une méthode pour savoir quels sont les spots publicitaires les plus efficaces, également dans les aéroports qui permettent aux agents de sécurité de visualiser quels seraient les potentiels terroristes à travers leur gestuel et expressions. La question est de savoir s’il est possible d’identifier un criminel qui ment. Nous avons 43 muscles qui produisent 10 000 expressions faciales et si elles sont assimilées, adieu le détecteur de mensonge!

La science met un bémol à cette affirmation catégorique. Dans la vraie vie c’est bien plus compliqué, la plupart du temps deviner si quelqu’un dit la vérité ou ment est aléatoire; mais quand on ment pour dissimuler quelque chose qui compte beaucoup à nos yeux, il se produit « l’effet éléphant rose ». Les signaux qui trahissent le mensonge deviennent plus visibles, autrement dit plus vous vous efforcé de dissimuler votre mensonge, plus y a de la chance qu’il saute aux yeux.

Alors dans quelle mesure peut on vraiment repérer un menteur? Une expérience réalisée avec des enfants de 5 ans a été menée et elle a révélé que quand ils sont sincères ils ont une expression ouverte et très spontanée, s’ils mentent tout en ayant l’impression d’être observés, on lit sur leurs visages qu’ils se sentent sous surveillance (commissures des lèvres plus marquées lorsqu’ils sont honnêtes. Leur voix change aussi (douce, fluide pour la vérité et craquelée, pincé pour le mensonge). Malgré tout, ces signes ne sont pas tous vérifiés chez les enfants.

Comment repère t’on un mensonge?

Plus que notre visage, c’est notre voix qui dit la vérité, parce qu’elle est honnête, il est extrêmement difficile de maquiller l’information qu’elle contient. Nous auditeurs sommes très fins à percevoir les nuances dans une voix. Ce qui fait que c’est un signal difficile à falsifier. Nous pouvons rester maitre de nos mimiques mais pas de notre voix. Pour produire un son plus de 100 muscles doivent travailler dans une harmonie délicate. Toute émotion influence la tension musculaire et donc le timbre de la voix.

En effet plusieurs ères cérébrales s’activent :

  • D’abord le Thorax et l’abdomen créent la colonne d’air nécessaire
  • Les muscles de la langue, lèvre et visage vont émettre des sons variés
  • Le Larynx et les cordes vocales; plus nos voix sont haut perché quand nous sommes énervés par exemple, plus les plis vibrent rapidement.

Entendons nous la même chose lorsqu’un inconnu s’adresse à nous ? Sa voix nous conduit elle tous au même verdict ?

Expérience avec un groupe pour évaluer des voix. Les réponses ne sont pas toujours unanimes mais des tendances nettes se dessinent lorsque l’expérience est menée sur une vaste étendue de voix.

L’intelligence artificielle:

Le programme reconnaît des marqueurs notamment les vibrations incontrôlées des plis vocaux qui créent des irrégularités dans la voix, le timbre rauque ou le souffle court. Tous ces marqueurs l’intelligence artificielle sait les analyser après les avoir isolés; et peut établir un diagnostic que ce soit pour l’asthme, le covid ou un simple rhume. Un diagnostic déjà fiable à 85%. L’intelligence artificielle est même capable de reconnaître les marqueurs vocaux des troubles du déficit de l’attention, des maladies d’Alzheimer ou de parkinson mais aussi de la DEPRESSION.

Quand le coeur ou le cerveau souffrent cela ressort dans la voix. Pour son analyse l’intelligence artificielle prend en compte plus de 6000 paramètres. Cette nouvelle technique pourrait aider à poser des diagnostics plus facilement mais aussi plus tôt. Les avantages sont nombreux, l’intelligence artificielle travaille avec une attention exclusive et sans fatigue. Elle permet une analyse plus fine des enregistrements vocaux et nous disposons d’une immense base de données de référence. Elle dispose de bien plus de voix qu’un médecin pourrait écouter au cours de toute sa vie. Il est donc logique qu’elle soit plus performante que l’homme dans ce domaine. Son projet de recherche part du principe que nos objets connectés nous écoutent en permanence en identifiant de façon précoce toute altération de notre voix révélatrice d’une maladie donnée. L’intelligence artificielle nous inciterait à consulter et pourrait dans la foulée contrôler la progression et l’efficacité du traitement le tout pour un faible coût. Dans le jargon médical on dit que la voix est notre « nouveau sang », au lieu de prélever un nouvel échantillon de sang, on utilise un échantillon de voix pour suivre et analyser notre état de santé et suivre l’évolution de différentes maladies. C’est aussi le miroir de l’âme puisque la voix reflète notre humeur et nos émotions.

Miroir de l’âme, du corps et de leur bonne santé, nous sommes aussi influencer en tant qu’auditeur sur la façon dont nous parle notre interlocuteur. Sans même nous en rendre compte nous l’imitons, nous ressentons son stress, son incertitude tout autant que sa joie ou son enthousiasme comme si nous étions synchronisés. Une sorte de mimétisme qui passe par la voix et notre attitude. On observe souvent ce mimétisme lors de conversations normales à différents niveaux de notre communication. Cela peut s’appliquer au choix des mots, à la syntaxe que l’on utilise ou bien à la prolifie du discours (intonation et tempo). Cela concerne aussi la communication non verbale, par exemple une attitude souriante; cette réaction en miroir est d’autant plus marquée que la personne nous ait proche ou que nous souhaitons qu’elle le soit. Et si nous désirons être appréciés nous accentuons notre mimétisme. Le signal le pus évident est le sourire. Voir une personne souriante déclenche souvent un sentiment de bonheur en nous, parfois vous esquissez un sourire vous même. Aucun doute la dessus l’attitude de notre interlocuteur est contagieuse. Cette synchronisation sert à manifester notre empathie et notre intérêt. Nous entrons en résonance avec notre interlocuteur du moins lorsque la communication fonctionne. Cela s’exprime par la gestuelle, les mimiques, la voix. Quand je m’efforce de me montrer sympathique lors d’un entretien d’embauche ou d’un premier rdv, je vais imiter l’autre au maximum pour dire « Je suis comme toi ». C’est aussi un marqueur de dominance et de répartition sociale des rôles. Lequel des deux va s’accorder à l’autre, qui est au pouvoir et qui estime pouvoir être dispensé de s’adapter à l’autre. Le processus est largement inconscient sauf chez un comédien. A chaque rôle un autre personnage, une autre voix, d’autres mimiques, d’autres langages corporels. Il est difficile quand même de demander à notre voix de ressentir une émotion que l’on ne ressent pas.

Qu’est ce qui fait de la voix un instrument unique capable d’émouvoir, de convaincre, d’enthousiasmer l’autre ? Des travaux de recherche ont été faits: Ce que nous disons est important mais c’est surtout comment nous faisons passer ce message qui importe, la manière dont nous le disons. Ecouter et en même temps comprendre les informations qui sont transmises est très fatigant sur le plan cognitif. Lorsque l’on intensifie l’intonation on envoit des signaux clairs. Comment sont mes pauses quand on fait cela est bien plus apprécié. Le secret est donc d’emballer le message avec une voix bien ficelée.

Programme d’intelligence artificielle pour évaluer la voix :

Comme une équation mathématique elle décompose la voix en 16 paramètres entre autre débit, rythme, mélodie, puissance, pause. Puis elle délivre une note entre 1 et 100 sur l’échelle du charisme vocal.

Critère le plus important : Une modélisation de la voix d’une grande hauteur sur 2 octaves. Par ailleurs les orateurs charismatiques alternent souvent entre voix forte et voix basse, ce qui rend leur parole plus mélodieuse. Déjà dans l’antiquité on savait que pour convaincre et motiver, il fallait être écouté avec plaisir. On enseignait de manière explicite l’art oratoire, l’art de projeter sa voix, de la moduler pour avoir un impact maximum sur les auditeurs. Cet enseignement s’est un peu perdu. Véhiculer le bon message par la voix de façon efficace, ça s’apprend tout comme on apprend le vocabulaire et la grammaire, on peut aussi faire des gammes avec sa voix. Le chercheur a ainsi développé un logiciel où son interlocuteur va pouvoir s’entrainer, lignes hautes et basses indiquent l’amplitude du spectre vocal. Il est possible en temps réel de voir les points à améliorer. (surtout en modulant la hauteur de sa voix- expérience de la voix charismatique du GPS-)

Une voix envoutante est aussi une arme de séduction décisive dans le choix d’un partenaire, qui va provoquer en nous de l’attirance et du désir. Une décision clef de notre vie qui découle souvent d’un jugement intuitif et passionnel. Les jugements hâtifs sont fascinants, ils déterminent avec qui on désire un rendez-vous, avec qui on projette d’être ami ou pas. L’introspection est difficile pour cerner ses sentiments, pourtant dès la première rencontre on sait si on apprécie la personne et ça dicte tout notre comportement par la suite. Est ce que cela est inné?

Des la naissance les visages et les voix nous évoquent des traits de caractère, est ce que le bébé l’apprend au fil de son développement? Ce qui est sûr c’est que nous réagissons très tôt aux expressions faciales et vocales, comme nos ancêtres. Les sages ne possédaient pas la parole mais eux aussi ont la voix pour se faire comprendre dont les signaux sont interprétés par le cerveau.

Une expérience a été menée sur des humains et des singes en utilisant l’IRM Fonctionnelle, technique d’imagerie médicale. Les résultats montrent que les aires cérébrales qui s’activent à l’écoute de vocalisations de congénères sont similaires. Ils supposent que ces aires cérébrales existaient déjà chez nos ancêtres il y a environ 20 millions d’années. En bref les singes analysent les voix comme le font les êtres humains même s’ils ne sont pas doté de la parole. Identité, émotions, personnalité; ces mécanismes là sont conservés et partagés avec énormément d’autres espèces. Cela permet de replacer l’humain comme un autre primate. D’autres analyses ont décodé ce que les singes analysaient sur les visages et là encore les mêmes aires cérébrales que chez les êtres humains sont sollicitées.

Une autre étude intéressante a porté sur les stéréotypes et comment ils se forment. Pouvons nous les désapprendre? Avec par exemple une étude sur les stéreotypes du visage (les ponts nasaux étroits ou larges). Mieux comprendre quelles sont les bases psychologiques et neuronales de ce traitement des informations de la voix, de ces impressions qu’on a, va peut-être nous permettre de nous en abstraire. Etre alors moins inconsciemment influencés par ces intonations. Pouvoir être moins vulnérable à ces premières impressions.

La première impression est un moment particulier empreint de magie et peut être le début d’une relation où la personne dévoilera d’autres facettes que celles que nous avions cru percevoir de prime abord.

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