Diffusé sur France 5 « Enquête de santé »
Ici on va parler de chirurgie éveillée du cerveau à travers 3 patients.
- Jennifer 31 ans a une maladie neurologique, le « tremblement essentiel » ses mains lui échappent. Dans son cerveau certains neurones communiquent mal entre eux et envoient des parasites aux muscles qui se contractent sans raison. On sait qu’il existe des anomalies de fonctionnement dans le réseau cerébelo-thalamo-cortical. c’est un réseau qui relie le cervelet, l’hypothalamus et le cortex moteur. Et c’est bien la Synchronisation des different groupes de neurones qui est pathologique et qui va se répercuter sur l’ensemble du circuit moteur et se manifester par des tremblements.
- Cette maladie touche 300 000 personnes en France et est très invalidante dans le quotidien. Jennifer explique que ses filles de 3 et 5 ans s’attribuent un rôle protecteur vis à vis d’elle leur Maman et la suppléent alors qu’elles ne devraient pas avoir ce type de préoccupation à leur âge. Jennifer se culpabilise et aimerait avoir ce rôle de Maman qui protège ses enfants et pas l’inverse. Ancienne infirmière de bloc opératoire elle ne pleut plus travailler, sa vie d’avant lui manque. Elle est encore très sensible lorsqu’elle revoit ses collègues de travail.
- Quand la maladie devient sévère, les traitements médicamenteux ne sont plus suffisants, une neurochirurgie fonctionnelle peut être proposée : La STIMULATION CEREBRALE PROFONDE, pour atteindre l’hypothalamus, une zone clef de l’activité motrice. L’idée de l’opération est de descendre de chaque côté une éléctrode de stimulation cérébrale pour moduler l’activité électrique du noyau dans lequel on va descendre l’électrode et, rétablir le fonctionnement normal de cette structure. Et beaucoup plus largement de toute une boucle qui permet de voir ce tremblement disparaître.
- Dominique, 63 ans a la maladie de Parkinson. Ces jambes sont bloquées et chaque geste s’effectue au ralenti. Il n’avait que 52 ans lorsqu’il a eu ses premiers symptômes; sa maladie empêche la production de dopamine dans son cerveau, un messager chimique indispensable au contrôle des mouvements.
- Le médicament va compenser ce manque de dopamine, l’effet n’apparaissant qu’après 30 minutes. Il peut alors marcher en faisant de tous petits pas. Le médicament agit sur les noyaux thalamiques.
Le professeur Derey, neurochirurgien explique : Les noyaux sous thalamiques ont de la perte de dopamine via la maladie de Parkinson et qui vont sous l'effet du médicament devenir hyper-actifs. Mais ce traitement a des effets secondaires : ne plus s'arrêter de bouger. Il faut s'habituer à cette démarche sautillante. L'effet s'arrête au bout de 3h. La maladie évolue, et le traitement perd en efficacité et de fait une perte d'autonomie rapide (jusqu'au fauteuil roulant). Il y'a une réelle détresse psychologique alors à être dépendant (Dominique : "Ce n'est pas une vie"). Le patient a donc pris la décision d'être opéré du cerveau via la stimulation cérébrale profonde.
- Solène, 20 ans a déjà été opérée. En 2018, elle a de nombreuses crises d’épilepsie et suite à un scanner, une tumeur de 24 mm est en train de se développer dans son cerveau. Avec humour elle la rebaptise mon « petit sushis » car elle est de même taille. La tumeur n’avait pas pu être retirée en totalité lors de cette 1ère intervention. Elle doit donc vivre avec cette terrible menace que la tumeur ne réapparaisse (un gliome, tumeur bénigne mais qui si elle se développe peut devenir une tumeur cancéreuse). A l’été 2021 la tumeur revient mais elle n’a aucun symptômes. Il va falloir de nouveau enlever la tumeur le plus vite possible avant qu’elle ne se développe et se ramifie. Une 2ème opération est donc nécéssaire.
La tumeur n’avait pas pu être retirée en totalité lors de cette première intervention. retirer toute la tumeur c’était courir le risque de léser d’autres zones du cerveau qui contrôlent la mémoire, le langage ou la capacité visuelle. Dans 80% des cas le résiduel de tumeur ne reposes pas. mais pas pour Solène. La tumeur est revenue et a même grandi de 4 mm. Durant cette 2ème intervention on ne pourra pas encore toute la retirer. le neurochirurgien ne peut aussi pas promettre qu’il n’y aura pas de 3ème intervention.
Une chirurgie éveillée du cerveau constitue un espoir, même si la préparation à l’opération est source d’angoisses. La peur est bien légitime qui est celle que d’autres zones du cerveau soient malheureusement touchées. très près de l’euthalamus , peur de perdre la mémoire, la marche, avoir des troubles du langage….
Le patient ne ressent rien, la chirurgie éveillée gêne plus le patient à être toujours dans la même position. Le chirurgien avec le patient peut voir en direct là ou il intervient si le patient ressent une diminution voire une disparition du tremblement.
Le JOUR J de l'OPERATION: - Pour Jennifer ce sera 8h d'opération. Pendant toute la durée de l'intervention, Jennifer va aider le neurochirurgien à atteindre la zone ciblée dans son cerveau. Sous anesthésie locale, des petites tiges métalliques sont d'abord fixées autour de son cerveau. elles ont un repère comme un gps pour savoir où sortent les électrodes. On parle que de quelques millimètres. Le plus difficile est d'atteindre la cible avec précision pour avoir l'effet désiré sans effets secondaires. Les électrodes quant à elles mesurent 1 millimètre. Un casque de stéréotaxie aide Jennifer à rester parfaitement immobile. Elle entend tout ce qui se passe; l'incision avec deux trous percés dans la boîte crânienne pour placer les électrodes sur la trajectoire établie par l'ordinateur. Analyse ensuite du champ sonore des neurones. En effet un courant électrique circuler entre les neurones. Il émet une fréquence spécifique pour chaque zone du cerveau. En écoutant l'enregistrement, la neurologue peut déterminer si l'électrode a bien atteint la cible.
Une Etape ESSENTIELLE ensuite: Pourquoi on profite de l'état d'éveil du patient ? Dans le cas de Jennifer on lui fait relever la main, on émet ensuite une impulsion électrique dans son cerveau et tout se joue à ce MOMENT PRECIS. Et Jennifer miracle ne tremble plus, elle n'en revient pas elle même, elle ne ressent rien. A droite les tremblements ont disparu, cependant à gauche maintenant rien ne se passe comme prévu. Jennifer ressent le courant électrique jusque dans son visage et la mâchoire. Il faut alors remonter l'électrode de quelques millimètres en diminuant l'impulsion électrique. Après 7 h d'intervention , les deux électrodes sont parfaitement placées. L'intervention est terminée. Il restera à placer un peut boitier dans son abdomen qui alimentera les électrodes. Mais attendre quelques jours pour allumer le dispositif et vérifier s'il est vraiment efficace au quotidien.
- Pour Dominique, on va venir implanter les électrodes de quelques millimètres plus en profondeur dans le noyau sous-thalamique. Lors de cette traversée on doit éviter les vaisseaux des ventricules qui peuvent occasionner une hémorragie, voire un accident vasculaire. Là aussi on va venir percer le crâne pendant 1h et y introduire les électrodes. En diffusant une onde électrique, les électrodes vont bloquer l'activité du noyau et rendre à Dominique sa liberté de mouvement. On ne va pas guérir la maladie mais améliorer à 70%. Moins de douleur, meilleur sommeil et retrouver une vie sociale normale pendant plusieurs années. Ensuite on lui posera un petit boîtier électrique qui diffusera un courant jusqu'aux électrodes implantées dans le cerveau. - Pour Solène: L 'opération se fait en 2 temps: 1/ Sous anesthésie générale car il faut percer un trou de 10 cm dans sa boîte crânienne afin d'accéder à la tumeur située au dessus de son oreille gauche. L'anesthésie sera cependant légère pour retrouver un réveil plus rapide et apaisé. Sa tumeur de la taille d'une noix s'est infiltrée dans d'autres zones fonctionnelles de la mémoire, et du langage. le patient est l'acteur central et on a besoin de lui pour guider le chirurgien, sinon ce ne pourrait être qu'une opération à l'aveugle, et est tout l'intérêt d'une chirurgie éveillée. 2/ Réveil: Elle doit être lucide. Un orthophoniste s'est installé près d'elle pour lui faire réaliser quelques opérations de comptage. Un liquide est utilisé pour endormir les zones importantes autour de la tumeur, celles qui ne sont pas impliquées dans l'activité de comptage et que l'on peut endormir. On lui fait répéter des syllabes pour voir quelles sont les zones impliquées dans le langage. En cas d'erreur, il faudrait arrêter immédiatement pour éviter de retirer la tumeur et éviter des séquelles irréversibles. On lui demande enfin de comprendre une image et de prononcer le mot. On veut voir ici la zone qui est liée à la mémoire. 2 fois de suite elle a confondu 2 mots, heureusement ces erreurs surviennent alors que la tumeur a presque été retirée. Le chirurgien ne pourra pas aller plus loin. L'opération est terminée, on le rendort. 3h plus tard elle est déjà réveillée. 1er bilan: l'intervention s'est bien passée, mais elle ressent une gêne, un léger trouble de la vision. Petit déficit du côté droit, puisqu'ils ont travaillé sur le côté gauche. Révision au bout de 3 mois: Bonne nouvelle, l'ablation de la tumeur devrait empêcher la récidive, l'IRM la confirmé. La lecture reste un peu difficile par le fait qu'elle a moins d'acuité visuelle du côté droit. Elle va donc garder quelques séquelles de l'opération . elle devra poursuivre par une rééducation à raison de 4 fois par semaine avec l'orthophoniste et l'orthoptiste. 4 JOURS APRES L'OPERATION Des tests pour voir si les tremblements de Jennifer disparaissent bien comme lors de l'opération. On va rajouter 0,3 volts pour un arrêt complet du tremblement. Trouver le bon réglage, le bon compromis et seuil sans avoir d'effets secondaires. Jennifer retrouve ses mains stables, "c'est magique".